Mon
positionnement
final
Selon vous, quelles sont les compétences à développer pour devenir un.e « bon.ne » ingénieur.e?
Tout d’abord, je crois qu’il y a deux volets à cette question, puisque ces compétences se divisent en deux catégories, soit celles d’ordre humain et celles d’ordre technique.
Ce premier groupe, les compétences morales, éthiques et relationnelles, contiennent une variété de mots pouvant décrire les qualités requises, mais ils se résument tous à l’honnêteté. D’un sens, l’honnêteté en son sens commun décrit la manière avec laquelle l’ingénieur doit partager son travail, en affichant ses sources, ses calculs, ses réflexions, mais également en faisant part de ses motifs. C’est-à-dire que chaque décision prise par l’ingénieur doit être justifiée et doit veiller au mieux du projet qu’elle façonne, et ce, sans consciemment porter atteinte à autrui. D’un autre sens, l’honnêteté peut également vouloir qualifier la manière dont l’ingénieur doit agir lorsqu’il est au courant d’une pratique, d’un but ou d’une décision immorale. C’est-à-dire qu’il se doit d’être proactif de manière à régler ledit problème, et ce, même lorsqu’une telle action pourrait interférer avec ses désirs personnels. Il est également possible de percevoir cette qualité comme s’apparentant à l’intégrité.
Ce dernier groupe, les compétences pratiques, contiennent les savoirs obtenus lors de la formation, mais également la manière d’effectuer le travail. Je caractérise cette catégorie par le jugement critique, la rigueur et la débrouillardise. L’ingénieur se doit de minimalement vérifier toutes les étapes de son travail en analysant la cohérence de celles-ci à l’aide de son jugement critique. Par exemple, pour toute valeur numérique obtenue, il doit se poser la question « est-ce sensé ? » et, si ce ne l’est pas, creuser pour trouver la raison de cette disparité. Pareillement, son travail doit être qualifié de rigoureux, et ce, puisqu’il traite exhaustivement des manières dont chaque pièce du projet pourrait céder, tant figurativement que littéralement. Avec un tel travail, il est certain que l’ingénieur est voué à se trouver dans une situation où aucun outil commun ne peut résoudre son problème; il doit alors faire preuve de débrouillardise et s’aventurer dans l’innovation. Ce n’est pas tous les ingénieurs qui vont vouloir innover, pousser les limites des compétences humaines, mais je crois tout de même que cela représente un pilier de l’ingénierie.
Ma vision des rôles se base surtout sur l’information acquise lors de l’entrevue avec M. Michaël Mardini, Ing. Sr. chez Aramis Biotechnologies (voir l’onglet Entrevue), lors du cours d’Introduction au génie chimique, enseigné par M. Patrice Farand ainsi que lors de mes discussions avec les anciens diplômés de Polytechnique à la Liaison chimique.
Cela dit, l’ingénieur chimiste peut avoir plusieurs chapeaux, soit celui de la conception, celui de l’opération et l’optimisation et celui de la gestion. Chaque emploi est sa propre combinaison de ces trois rôles, mais ce sont, à mon avis, les trois piliers de la profession d’ingénieur chimiste.
Premièrement, la conception représente le travail fait lors du développement d’une nouvelle usine, d’un nouveau procédé, d’une nouvelle opération, de l’ajout à un procédé existant, de la modernisation ou de la mise à l’échelle d’une usine. La conception a de nombreuses étapes et se résume sommairement par la délimitation du projet par les objectifs et contraintes, puis par la création de diagrammes d’écoulement, le choix des équipements, la création de plans et devis, la création de documentation sur l’opération du procédé, sa mise en marche et finalement l’optimisation de celui-ci. Les étapes réelles de la conception sont beaucoup plus nombreuses et précises, et requièrent le travail avec de nombreux autres quarts de métier. Ce rôle est souvent effectué par des firmes des génies.
Deuxièmement, l’opération et l’optimisation représentent le fait d’exploiter un procédé existant. Il est présent dans les dernières étapes de la conception, mais je trouvais pertinent de le mettre à part, car plusieurs ingénieurs chimistes ne font à peu près que ça. Le travail qu’implique ce rôle varie selon le procédé en question, mais il est souvent question de prendre des décisions face aux divers problèmes et d’effectuer le suivi des variables du procédé, et conséquemment, le suivi des équipements. Ce rôle est souvent effectué par les ingénieurs travaillant dans l’usine.
Troisièmement, la gestion représente, à mon avis, le reste des tâches qui ne sont pas incluses dans les autres rôles de l’ingénieur chimiste. Puisqu’il travaille au cœur de l’usine, il se doit de partager des tâches avec d’autres corps de métier, comme d’autres types d’ingénieurs et des opérateurs, donc une certaine quantité de gestion lui est demandée. Ce rôle s’adresse à tous les ingénieurs chimistes, mais, pour certains, c’est une toute petite partie de leur travail, alors que, pour d’autres c’est une majeure partie.
Selon ce que vous avez appris lors des discussions qui ont eu lieu en classe et de vos recherches personnelles, quels peuvent être les rôles d’un.e ingénieur.e chimiste dans une entreprise?
Selon ce que vous avez appris lors des discussions qui ont eu lieu en classe et de vos recherches personnelles, quels peuvent être les responsabilités d’un.e ingénieur.e chimiste dans une entreprise ?
Comme toute autre profession, la responsabilité première de l’ingénieur consiste à répondre aux demandes de son client. Quoique celle-ci peut sembler triviale, je crois tout de même que c’est une responsabilité importante qui englobe une partie des autres. Un ingénieur se doit de respecter les demandes du client de sorte que le produit final soit conçu pour l’usage qui en est fait et sécuritaire. Concrètement, un ingénieur chimiste doit donc s’assurer que le procédé qu’il conçoit ou opère n’occasionne aucun risque pour tous ceux qui travaillent avec celui-ci, il ne doit également pas relâcher de matière nocive pour la faune, la flore et l’humanité et il ne doit pas affecter les personnes n’ayant pas affaire avec celui-ci (public).
La sécurité est donc au cœur de la profession d’ingénieur et ce dernier doit assurer la protection du public et de son client (OIQ, s. d.). Là où l’ingénieur agit, il doit également considérer les impacts de ses décisions afin d’assurer qu’aucune personne ne soit affectée négativement par celles-ci. À mon avis, protéger le public est spécialement important parce qu’ils ne sont pas impliqués dans le projet, et ils n'ont pas connaissance des risques et conséquences du projet et n’ont certainement pas accepté ceux-ci. Simplement dit, le public ne devrait pas être affecté par un projet qui ne les concerne pas pour des raisons éthiques, morales et légales. Cela est directement en lien avec l’article 2.1 du Code de déontologie de l’ingénieur : « Dans tous les aspects de son travail, l’ingénieur doit respecter ses obligations envers l’homme et tenir compte des conséquences de l’exécution de ses travaux sur l’environnement et sur la vie, la santé et la propriété de toute personne. » (Éditeur officiel du Québec, 2025). Cette description mentionne l’environnement, et sa conservation est sans doute plus importante que jamais et est la responsabilité de tous les ingénieurs.
L’intégrité et l’honnêteté sont également cruciales à la profession d’ingénieur, comme mentionné dans la section compétences ci-haut. Par sa responsabilité d’être honnête et intègre, l’ingénieur prouve qu’il remplit ses responsabilités envers son client, le public et l’environnement. Sans celle-ci, le travail de l’ingénieur est essentiellement inutile, car sa valeur est mesurée par la rigueur de son travail; cette dernière ne pouvant être prouvée que par la transparence de l’ingénieur quant à sa démarche, ses sources, ses réflexions, ses décisions et ses intentions.
Le défi ayant la plus grande ampleur dans les médias est certainement celui de l’environnement. Pour l’ingénieur chimiste, cela veut dire plusieurs choses qui se résument principalement par les principes de développement durable. Il y a des règlementations en place pour limiter l’impact négatif des milieux industriels sur l’état de l’environnement, mais l’ingénieur chimiste a la chance de pouvoir, avec l’accord de son client, en faire plus que le minimum. Lorsqu’on parle d’environnement, les gaz à effet de serre (GES) sont certainement un enjeu majeur, mais ils volent l’attention à d’autres volets tout aussi importants. Heureusement, l’ingénieur chimiste peut avoir la responsabilité de gérer la majorité des problèmes. Je parle ici tant du rejet des matières nocives et de grandes quantités d’énergie. L’ingénieur chimiste est donc celui qui doit mettre en place des mesures concrètes pour réutiliser les déchets et l’énergie afin de réduire l’impact environnemental et contribuer à une économie circulaire. La source des alimentations tant de matière que d’énergie du procédé qui devrait dicter les choix des ingénieurs chimistes, même si ce n’est souvent pas eux qui ont le dernier mot à dire.
Un défi implicite des ingénieurs chimistes est celui de construire une relation de confiance entre le public et les usines. Pour moi, ceci est très important puisque ma maison d’enfance se situait à environ 1,5 km de l’usine d’Anacolor à Cap-Rouge, où se déroula le scandale où ladite compagnie émettait des gaz odorants étant potentiellement nocifs pour les habitants du quartier. Après avoir vu à quel point mes voisins et les habitants de mon arrondissement ont perdu toute confiance en l’industrie, je crois qu’il est impératif que les ingénieurs chimistes fassent de leur mieux pour livrer un travail impeccable qui ne laisse pas de tels scandales se reproduire.
Selon vous, quels sont les grands défis de notre société dans lesquels les ingénieur.es chimistes sont impliqués ?
Comment vous situez-vous par rapport à la profession d’ingénieur.e chimiste à la suite des discussions qui ont eu lieu en classe et de vos réflexions personnelles?
Jusqu’à maintenant, après seulement une session, je suis réjoui d’avoir choisi ce programme. J’étais déjà enclin à aimer cette profession, puisque, depuis l’âge de 9 ans, je dis à mes parents que je veux devenir ingénieur. De plus, pour être certain que le génie chimique était le bon choix, j’ai parlé à quelques ingénieurs dans tous les domaines et j’ai fait la visite d’une usine à Québec avec un ingénieur chimiste. Cela dit, mon expérience à Polytechnique a consolidé ce choix.
Ce que je cherche dans ce métier est la possibilité de créer, d’innover en concevant des systèmes parfois compliqués, qui s’appuient les uns sur les autres de manière à fonctionner comme un tout de manière harmonieuse. Je réalise que ce n’est pas exactement la tâche d’un ingénieur chimique, mais ça s’en approche certainement. Il est également intéressant de considérer que plusieurs voies s’ouvrent à un ingénieur chimiste.
Un moment m’a marqué dans le cours d’Introduction au génie chimique : Patrice Farand nous a présenté deux manières de procéder à la conception en génie chimique, soit celle boilerplate et celle de l’innovation. À ce moment j’ai réalisé que, pour le meilleur ou pour le pire j’étais très inspiré par cette dernière, alors que la méthode boilerplate ne m’intéressait pas du tout. Rétrospectivement, c’est assez évident que je suis ce genre de personne. Je comprends que c’est beaucoup moins facile de se frayer un chemin dans l’industrie en voulant sortir des chemins battus constamment, mais je crois au plus profond de moi qu’il y a toujours une autre façon de faire qui soit aussi bonne, sinon pas meilleure que la manière conventionnelle.
Pour ces raisons, j’ai hâte de poursuivre mes études à Polytechniques Montréal dans le programme de génie chimique en hiver.
En toute honnêteté, je n’avais jamais regardé le cursus avant la première semaine d’école, donc ce fut une belle surprise de suivre des cours appliqués au génie chimique dès la première session. Je parle ici des cours GCH1122 – Intro au génie chimique et GCH1110 – Analyse des procédés et développement durable. Lorsque je compare avec mes amis en génie à l’Université Laval, aucun de leurs programmes n’a de cours concrets, ils ne savent même pas ce qu’est le BCAPG. C’est donc très facile pour moi de croire que ma formation à Polytechnique est sans doute la meilleure de la province et une des plus dynamiques avec des projets chaque année. Conjointement à l’aspect concret des cours, les liens faits entre les cours dès la première session m’ont surpris, notamment ceux entre les deux cours mentionnés précédemment.
J’ai été surpris par la structure des cours comportant des travaux dirigés (TD) où ces derniers étaient réservés aux exercices. D’abord, je crois que c’est formidable d’avoir du temps de classe dédié à l’application des notions vues en classe, et ce, avec l’aide des chargés de TD. J’étais hésitant sur le fait d’avoir des étudiants comme chargés de TD au début, mais c’est rafraichissant d’avoir accès à un point de vue différent de celui du professeur. C’est également intéressant d’avoir accès à plus de disponibilités puisqu’il y a plusieurs chargés de TD.
En considérant vos cours suivis et votre expérience à Polytechnique lors de ce premier trimestre, quels éléments vous ont le plus surpris (positivement ou négativement) en lien avec votre formation d’ingénieur.e chimiste?
Bibliographie
Éditeur officiel du Québec. (15 juillet 2025). Code de déontologie des ingénieurs. LegisQuébec. https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/I-9,%20r.%206%20.
Ordre des ingénieurs du Québec, OIQ. (s. d.). Le rôle de l'ingénieur. https://www.oiq.qc.ca/grand-public/la-profession-dingenieur/le-role-de-lingenieur-e/.